Retour sur l’Arbre de Noël

 

Pour notre Arbre de Noël, malgré la grève, les enfants étaient nombreux, mais deux curieux personnages s’étaient invités…

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Si vous voulez les  découvrir davantage…

 

 

Conte de Noël 2019,

Dialogue entre Tristan, le serpent, et Bérangère, la vipère !

T : Moi, je suis Tristan, le serpent !

Et c’est pas chouette d’être un serpent : non seulement on passe son temps à se traîner par terre, dans la poussière, mais en plus, personne ne nous aime ! Dis, Bérangère, toi qui est vieille et qui sait tout  : pourquoi personne ne m’aime ????

B : Moi, c’est Bérangère, la vipère ; Très cher ; c’est pas de ta faute, non ; c’est une très très vieille histoire !

On raconte qu’un des nôtres, à l’aube du monde, aurait causé la chute de ceux qui marchent sur deux pattes et même déclenché la colère de Dieu ! Si, si, rien que cela !

Et depuis, ceux qui marchent sur deux pattes disent que s’ils doivent travailler, c’est à cause de nous, et cela expliquerait même pourquoi nous, on n’a pas de patte et qu’on doive se traîner sur le ventre.

Nous serions même des porteurs de malédiction, ceux qui représentent le mal !

T : Ben dis donc, ça fait peur, ton histoire !

Pourtant, nous, on est pas méchant !

C’est vrai que l’on peu mordre, mais comme tout le monde, seulement pour se défendre ou pour manger !

Jamais pour le plaisir !

Ceux qui marchent sur deux pattes ne peuvent pas en dire autant, avec tous leurs massacres à chacune de leurs générations…

Et en plus, contrairement à ce qu’on raconte,

Très peu d’entre nous sont venimeux, et encore moins mortels pour ceux qui marchent sur deux pattes.

Alors, c’est quoi, cette histoire que nous représenterions le mal ?

C’est pas juste, c’est trop injuste !

On se prend des pierres, et notre espèce est devenue synonyme de méchanceté, de perfidie, de traîtrise et de mensonges…

C’est pas juste, c’est vraiment trop injuste !

Dis, t’en penses quoi, toi, Bérangère la vipère ?

B : ah, tu sais, la tyrannie des apparences et des préjugés.

C’est la peur qui parle à travers eux.

Car on leur fait peur, à cause de toutes ses vieilles histoires d’un autre âge.

La peur, c’est peut-être cela, d’ailleurs, le véritable ennemi, le nôtre comme celui de ceux qui marchent sur deux pattes…

La peur, elle nous enferme et enferme l’autre, celui qui est différent, dans des clichés, et surtout, surtout, elle empêche la rencontre.

De se connaître, de se découvrir, de s’accepter dans sa différence.

Oui, c’est la peur, notre plus vieille ennemie, et cela depuis l’aube du monde.

(Excursus pour les grands qui marchent sur deux pattes:)

Et puis, tu sais, il y a autre chose encore, derrière cette vieille histoire de malédiction qui serait la nôtre : cela dit quelque chose d’important, même si c’est difficilement compréhensible : il y a toujours quelque chose qui nous précède, on arrive jamais devant les autres dans la nouveauté et la neutralité : on n’y peut rien, c’est comme cela, à nous d’apprendre à jouer avec et à ne pas nous laisser enfermer par nos vieilles histoires.

Mais il y aura toujours de vieilles histoires à trimbaler, malgré nous !

T : Bon, moi, Tristan le serpent, je dis : tout de même, il y en a marre, ça ne peut plus durer comme cela.

[ Et si on faisait grève ?

Heu, non, c’est peut être pas une bonne idée par les temps qui courent … ]

On ne peut pas rester comme cela, à jamais, enfermé dans ces vieilles histoires ?

Le pire, c’est qu’on finit par y croire, nous aussi, et nous aussi, on a peur de ceux qui marchent sur deux pattes…

B : Mais tu sais, dans notre tradition familiale, on raconte une autre histoire, que l’on écoute lové au soleil de printemps sur un beau mur de pierres sèches.

Il s’agirait de l’arrière arrière arrière arrière arrière grand-mère, on ne se souvient même plus de son nom.

Il lui serait arrivé une histoire incroyable : c’était par une froide nuit d’hiver, en Palestine je crois.

Tu le sais, nous, on n’aime pas le froid, alors on se cache quelque part en attendant les beaux jours. Elle avait trouvé refuge dans une vieille mangeoire abandonnée, dans une étable tout aussi abandonnée. Elle digérait tranquillement son dernier rat, planquée sous un tas de vieux chiffons.

Et là, tout à coup, voilà qu’on dépose sur le tas de vieux chiffons un petit de ceux qui marchent sur deux pattes, un enfant nouveau-né.

Bon, elle avait bien entendu du bruit, mais elle n’avait pas bougé.

Mais ne voilà-t-il pas que l’enfant se met à pleurer, à pleurer, comme s’il portait déjà sur lui toute la misère et la souffrance du monde.

Et ni la mère de l’enfant, et ni le père n’y peuvent rien : impossible de le faire taire : sa voix déchire le silence de la nuit !

Alors l’ aïeule, doucement, se met à faire bouger ses anneaux, réchauffé elle-même par la chaleur de l’enfant, et tout doucement, elle a bercé l’enfant nouveau-né, et les cris ont cessé, et le petit de ceux qui marchent sur deux pattes , enfin, s’est endormi… protégé dans son sommeil par une vieille vipère.

Mais ça, personne ne l’a jamais su !

Enfin, c’est ce que l’on raconte, chez moi, lové au soleil de printemps sur un beau mur de pierres sèches.

Et cette vieille histoire nous réchauffe autant que les rayons du soleil, lorsque nous l’écoutons. Car l’enfant devenu grand aurait brisé la malédiction et réconcilié ceux qui marchent sur deux pattes avec leur Dieu, et du coup, nous avec !

T : N’importe quoi ! Fake news. Ça se saurait ! Et d’ailleurs regarde, rien n’a changé depuis, et on me lance toujours des pierres lorsque je vais faire un tour …

Elle est nulle, ton histoire et on s’en fout !

B : Tristan, petit serpent impatient, mais ne le sais-tu pas  : ce sont les histoires qui nous font vivre. Elles nous constituent et nous permettent de comprendre, d’interpréter le monde et nos vies. Elles sont le socle, la structure, les fondations même de notre existence.

C’est la parole qui fait vivre.

C’est elle qui nous ouvre à l’avenir !

Souviens-toi de ces vieux mots usés, et qui pourtant dessine un avenir promis, un autrement possible :

Lecture de Ésaïe 11 : 

« Le nourrisson jouera sur le nid du serpent,et le petit garçon pourra mettre la maindans la cachette de la vipère » (verset 8).