La prédication du culte zoom

 

Chers amis, pour ceux qui voudraient relire la prédication de ma collègue Marie-Pierre Cournot du 17 mai 2020.

marie-pierre-cournot

 

Texte biblique : Jean 14,15-26

 

Chers amis, frères et sœurs, l’heure est grave : Jésus va mourir, il le sait, il le dit.

Jésus commence son discours, à la fin du chapitre précédent, s’adressant à ses disciples par cette attendrissante formule : « Mes petits enfants » puis il continue « je ne suis avec vous que pour peu de temps ».

Et que va-t-il donc se passer quand il ne sera plus là ?

C’est la panique autour de lui, les disciples se sentent abandonnés, trahis même peut-être..

Que va devenir la communauté qui avait commencé à se former autour de lui ?

Comment pourront-ils être en lien avec Dieu, sans Jésus ?

Les disciples seront seuls.

Eux qui ont abandonné leur travail, leur famille et leur religion pour suivre Jésus.

Cette vie extraordinaire qu’ils ont vécu avec Jésus va s’arrêter pour toujours, il n’y a plus d’avenir. C’est la fin de tout.

Jésus va leur parler pour les rassurer, pour leur dire que oui, il va partir, mais non, tout ne s’arrête pas pour autant.

Au contraire, quelque chose de nouveau et d’encore plus extraordinaire va commencer pour eux.

Jésus annonce la couleur d’emblée : « je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet qui restera avec vous pour toujours ».

Moi je pars, dis Jésus, mais un autre Paraclet sera là pour vous, pour toujours.

Le paraclet : drôle de mot. Il vient du grec, parakletos : « celui qu’on appelle à ses côtés », « celui qu’on appelle à l’aide ».

Et c’est ainsi devenu un avocat qui vient vous aider à vous défendre, un consolateur qui vient vous soutenir …

Parfois traduit par « défenseur » dans certaines Bibles.

Terme spécifique à l’évangéliste Jean pour désigner sans aucun doute possible, l’Esprit-saint, le Saint-Esprit.

D’ailleurs Jésus précise : « C’est lui l’Esprit de vérité ».

« L’Esprit de Vérité », autre appellation classique de l’Esprit-saint.

Donc quand Jésus sera parti, Dieu nous donnera l’Esprit-Saint pour être à nos côtés pour toujours.

 

Je rencontre souvent des personnes qui me disent « moi, l’esprit saint, ou le saint esprit – c’est pareil – je ne comprends pas ce que c’est ! ».

Jésus aussi dans ce texte essaye d’expliquer aux disciples incrédules et perplexes ce que c’est que cet Esprit saint que Dieu va leur envoyer pour qu’ils ne soient plus seuls.

Alors comment dire ?

Dieu s’est manifesté en Jésus, c’était sa présence corporelle et visible.

L’esprit-saint est une autre de ses modalités de manifestation, une présence invisible cette fois.

Jésus ou l’esprit saint, en fait, c’est pareil, c’est dans les deux cas une façon pour Dieu d’être à nos côtés.

D’ailleurs dans notre texte, Jésus dit d’abord « Il demeure auprès de vous et il est en vous » en parlant de l’esprit-saint.

Puis au verset suivant, il dit « je viens », comme si la venue de l’esprit-saint c’était finalement la venue de Jésus.

Après tout dans les deux cas il s’agit d’une façon pour Dieu d’être présent à nous.

Quand Jésus dit « je ne vous laisserai pas orphelins, je viens à vous » : il veut dire qu’après sa mort, il reviendra sous forme de l’Esprit saint envoyé de Dieu pour être auprès de ses disciples et les accompagner.

Dans ce « Il est en vous » et « je viens à vous », deux expressions au présent de l’indicatif, on sent une certitude. C’est un fait avéré.

Puis quelques versets plus loin, Jésus dira même « nous viendrons », nous c’est-à-dire Dieu et lui : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure auprès de lui. »

Et enfin, pour terminer, Jésus précise « C’est le défenseur, l’esprit-saint, que le Père enverra en mon nom, qui vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que, moi, je vous ai dit. »

Cet esprit-saint condense en lui Dieu et toutes ses autres formes de révélation comme Jésus.

 

Mais le monde, dit Jésus, est incapable d’accueillir l’Esprit-Saint : « le monde » sous la plume de Jean c’est l’ensemble des personnes qui ne reconnaissent pas Jésus comme le fils de Dieu.

S’ils ne reconnaissent pas en Jésus le fils de Dieu, ils ne peuvent pas non plus reconnaitre l’Esprit saint envoyé par Dieu.

Mais ceux qui voient en Jésus le fils de Dieu sont capables de reconnaître l’Esprit Saint qui est avec eux.

Non seulement il est auprès d’eux, auprès de nous, mais – nous précise le texte – il est en nous.

C’est assez considérable quand on y pense. L’esprit saint est en nous, en vous.

Dieu, qu’il se manifeste en tant que Jésus ou en tant qu’Esprit-saint, se révèle à nous en se revêtant de nous-mêmes.

Dans cet événement de Pâques que Jésus et les disciples vont bientôt affronter chacun pour sa part, se réalise en même temps que la mort et la disparition du Jésus physique, sa présence réelle, métamorphosée mais réaffirmée.

L’esprit saint, c’est la puissance agissante de Dieu.

On pourrait dire aussi l’aura de Dieu, ou la zone où se manifeste l’influence de Dieu.

Et cette puissance de Dieu s’étend jusqu’à nous et nous englobe.

Elle est entrée en nous.

Elle est puissance de vie pour nous.

Dieu transmet la vie malgré sa forme incorporelle et désincarnée : « Encore un peu, et le monde ne me verra plus ; vous, vous me verrez vivant et vous vivrez vous aussi. »

Ce qui va se passer après la mort de Jésus, et je dirai même, du fait de la mort de Jésus, c’est à dire la proximité de Dieu par l’Esprit saint, est un gage de vie.

C’est comme si Dieu était arrivé au bout de ce qu’il voulait réaliser avec cet être humain le représentant sur terre.

Maintenant va s’ouvrir une autre ère, une ère où chacun pourra vivre de ce Dieu incarné en lui-même.

En quittant la terre, Jésus laisse derrière lui une nouvelle façon pour Dieu d’être présent au monde : en nous.

Et si on n’a pas compris, Jésus insiste : « vous connaîtrez que je suis en mon Père et que vous êtes en moi et moi en vous. »

Cette ouverture à la vie et à la présence de Dieu a tout de même une condition : aimer Jésus.

L’aimer, c’est-à-dire croire que sa parole est parole de Dieu.

D’ailleurs il le dit un peu plus loin : « La parole que vous entendez n’est pas la mienne, mais celle du Père qui m’a envoyé ».

Croire cela permet de tout remettre entre ses mains.

La foi en Jésus fils de Dieu, cette foi qui persiste au-delà de la présence physique de Jésus donne l’accès à un autre type de manifestation de Dieu, moins ciblée si j’ose dire, plus universelle, en chacun et chacune d’entre nous.

La foi qui vit en nous, c’est la trace visible de l’incarnation de Dieu en nous.

Cette trace est parfois difficilement perceptible, voir invisible, elle échappe à notre désir, à notre maitrise.

Mais elle est le signe d’une révélation : Dieu se révèle à nous à travers nous-mêmes, à travers notre foi.

Pour nous dire que nous ne sommes pas seuls, que Dieu nous donne une direction : nous sommes orientés vers la vie.

Dans cette aventure que les disciples croyaient terminée, s’ouvre, grâce à la présence de Dieu, un avenir pour nous.

La clef de cet avenir c’est d’aimer, c’est-à-dire offrir notre confiance.

Amen.