Petite histoire de l’arbre de Noël : non, il n’est pas d’origine païenne

Pouvez-vous imaginer un Noël sans sapin ?

Mais connaissez-vous l’histoire de cette coutume?

Depuis le début, c’est une coutume tout à fait chrétienne. Il y a très longtemps, au Moyen-Âge, le long de la vallée du Rhin (c’est-à-dire dans l’est de la France et en Allemagne), on avait pris l’habitude de représenter ce que l’on appelait les «mystères» du Christ. Ces mystères étaient des scènes de la Bible, de l’Ancien Testament et du Nouveau,qui annoncent et expliquent l’envoi du Christ parmi nous et son incomparable message de réconciliation. Ces scènes étaient jouées comme des pièce de théâtre sur les parvis des églises et des cathédrales. On commençaient en général par le récit de la création dans le livre de la Genèse, et celui Adam et Eve qui sont expulsés du jardin d’Eden, ensuite dans les livres des Prophètes on choisissaient les passages qui annoncent l’arrivée du Messie. Et enfin, dans le nouveau Testament, on représentait la naissance, la mort et la résurrection de Jésus Christ.

Mais quel était le rôle du sapin là-dedans ?

Dans le jardin d’Eden, nous dit la Bible, il y avait l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Malgré l’interdiction de Dieu, Adam et Eve avaient goûté du fruit de cet arbre qui était un pommier selon la tradition. Pour les punir de leur désobéissance, Dieu les chassa du jardin d’Eden. Les êtres humains, à la suite d’Adam et Eve, étaient seuls et perdus, loin de Dieu, sans pouvoir revenir d’eux-mêmes vers Lui.

Genèse 2:15-17 Le SEIGNEUR Dieu prend l’humain et il le place dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder.Le SEIGNEUR Dieu donne cet ordre à l’humain : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin.Mais tu ne dois pas manger les fruits de l’arbre qui fait connaître ce qui est bien ou mal. Oui, le jour où tu en mangeras, tu mourras, c’est sûr. » Genèse 3:6-8 et 22-24 La femme se dit : les fruits de cet arbre sont beaux, ils doivent être bons. Ils donnent envie d’en manger pour savoir plus de choses. Elle prend un fruit de cet arbre et le mange. Elle en donne à son mari qui est avec elle, et il en mange aussi.Alors leurs yeux s’ouvrent. Maintenant, ils voient qu’ils sont nus. Ils attachent ensemble des feuilles d’arbre, et cela leur sert de pagne.Le soir, un vent léger se met à souffler. Le SEIGNEUR Dieu se promène dans le jardin. L’homme et la femme l’entendent et ils se cachent devant lui, parmi les arbres du jardin. […] Le SEIGNEUR Dieu se dit : « Eh bien, l’humain est devenu comme un dieu : il connaît ce qui est bien ou mal. Maintenant, il ne faut pas qu’il prenne aussi les fruits de l’arbre de la vie. S’il en mangeait, il vivrait pour toujours. »3 Alors le SEIGNEUR Dieu chasse l’humain du jardin d’Éden et il l’envoie cultiver la terre qui a servi à le faire.Après que le SEIGNEUR a chassé l’humain, il place des chérubins à l’est du jardin d’Éden. Avec une épée de feu qui tourne dans tous les sens, les chérubins gardent l’entrée du chemin qui conduit à l’arbre de la vie.

Pour figurer cette scène dans les «mystères» représentés sur les parvis des églises, un arbre était donc nécessaire. Et le seul arbre qui dans nos régions reste vert toute l’année, c’est le sapin.C’est lui qui fut choisi, et pour qu’il ressemble davantage à un pommier, on y accrochait des pommes bien visibles, rouges et brillantes. Aujourd’hui ce ne sont plus des pommes qu’il y a dans le sapin de Noël mais des boules multicolores, en verre, en plastique, en papier. Elles remplacent les pommes. Mais la relation des boules de Noël avec les soit disant pommes de l’arbre du bien et du mal du jardin d’Eden a été généralement oubliée en cours de route! Ainsi, les humains errent loin de Dieu, dans la solitude et la nuit. Souvenons-nous, que Noël est fêté au solstice d’hiver, moment où la nuit est la plus longue de l’année, mais où elle est vaincue par la lumière, puisque le soleil reprend le dessus et que les jours recommencent à s’allonger à partir de ce moment-là. Des prophètes se sont levés pour annoncer aux humains que le Messie, le Sauveur, le Fils de Dieu viendrait pour les ramener vers Dieu.

Esaïe 11,1-4a Un fils sortira de la famille de Jessé, comme une jeune branche sort d’un vieux tronc. Une nouvelle branche poussera à partir de ses racines. L’esprit du SEIGNEUR reposera sur lui. Il lui donnera la sagesse et le pouvoir de bien juger. Il l’aidera à prendre des décisions et le rendra courageux. Il lui fera connaître le SEIGNEUR et lui apprendra à le respecter. Alors cet homme prendra plaisir à respecter le SEIGNEUR. Il ne jugera pas selon ce qu’il voit, il ne décidera pas d’après ce qu’il entend dire. Il jugera les pauvres avec justice, il sera juste pour ceux qui, dans le pays, sont sans défense.

Pour rappeler et signifier dans les mystères la promesse des prophètes et le rameau qui refleurit, on accrochait des roses en papier à l’arbre, au sapin. Peu à peu, ces roses se sont transformées en guirlandes qui décorent encore aujourd’hui les sapins de Noël. Quand le temps fut venu, quand ce que les prophètes avaient annoncé arriva, quand ce fut Noël, quand le Fils de Dieu naquit à Bethléhem, l’obscurité des humains fut complètement chassée par la lumière. La relation entre Dieu et les hommes était rétablie. Jésus, la lumière du monde, a banni l’ombre, la nuit, l’errance, l’angoisse et la mort

Luc 1:78-79 Oui, notre Dieu est plein de tendresse et de bonté. Il a fait briller sur nous une lumière venue d’en haut, comme celle du soleil levant.Elle éclairera ceux qui vivent dans la nuit et dans l’ombre de la mort, elle guidera nos pas sur la route de la paix.

Matthieu 1:21-235 «Elle va mettre au monde un fils, et toi, tu l’appelleras Jésus. En effet, c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Ainsi se réalise ce que le prophète a dit de la part du Seigneur :« La jeune fille attendra un enfant.Elle mettra au monde un fils. On l’appellera Emmanuel, ce qui veut dire “Dieu avec nous”. »

Pour symboliser ces événements du salut, on suspendait, lors de la représentation des mystères, des bougies à l’arbre de la connaissance, au sapin. Les étoiles en paille que certains mettent encore au sapin rappellent l’étoile qui a guidé les bergers et les mages ainsi que la paille de la crèche de l’enfant Jésus. Mais, pour que l’œuvre de libération de Jésus Christ fut complète et que son incarnation, sa venue dans le monde prennent tout leur sens et toute leur valeur, il fallait encore qu’il leur prouve que tout le monde peut avoir accès à la promesse de vie proposée par Dieu. C’est pourquoi il a été crucifié, il est mort et il est ressuscité pour que les êtres humains croient que rien n’entrave la réconciliation que Dieu leur propose.

Jean 1,14 La Parole est devenue un homme, et il a habité parmi nous. Nous avons vu sa gloire. Cette gloire, il la reçoit du Père. C’est la gloire du Fils unique, plein d’amour et de vérité.

Au Moyen-Âge la meilleure façon de rappeler ces hauts faits consistait, pour les gens qui mettaient en scène les mystères, à accrocher des hosties à l’arbre dressé sur le parvis. Ces hosties renvoyaient à la Sainte-Cène et signifiaient donc la mort du Christ et sa résurrection. Par la suite, et parce que l’on avait sans doute perdu le sens originel, les hosties sont devenues sur le sapin des gâteaux de Noël, que l’on appelle des « bredele » en alsacien.

Ainsi décoré, l’arbre du jardin d’Eden sous la forme du sapin, retraçait toute l’histoire de la Bible. Aux XVIIe et XVIIIe siècle, en Alsace, ne voulant pas se contenter d’admirer ce symbole en plein air devant les églises, on l’a fait entrer dans les maisons comme arbre de Noël. Cette coutume s’est répandue à travers le monde entier.

À Paris, il semble bien que l’on doive son introduction à la duchesse d’Orléans, belle-fille de Louis-Philippe, née princesse Hélène de Mecklembourg-Schwerin. Elle n’a pas renoncé à son luthéranisme en épousant un prince de France. C’est donc elle qui a introduit l’usage du sapin de Noël à la Cour, dès 1840, malgré plusieurs résistances à cette coutume jugée trop germanique donc trop protestante. Elle a d’abord fréquenté la paroisse des Billettes puis, comme ce quartier du Marais était difficile à sécuriser, la Rédemption devient sa paroisse… Cette nouvelle mode plut aux bourgeois, et voilà notre sapin de Noël définitivement installé dans nos maisons et nos temples.

Jeune pasteur en Cévennes, j’ai vu encore, dans le temple d’Aumessas, un immense sapin ans le temple que l’on illuminait avec de vrais bougies, pour le culte du 24 décembre. Il y avait au pied les éclaireuses et éclaireurs, qui veillaient à ce que celui-ci de prenne pas feu, car évidemment, c’était un peu dangereux…

Puissiez-vous, à travers le sapin, faire vôtre le sens profond de la fête de noël et vivre un Noël, joyeux parce que béni et plein de lumière et de sens. !

(Pasteurs Marie-Pierre Cournot et Jean-François Breyne, d’après un texte de Bernard KAEMPF, qui fut professeur de théologie pratique à la Faculté de théologie protestante de l’Université Marc-Bloch ­ Strasbourg II)