« On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux », nous rappelait Saint-Exupéry.
Ce soir, pour la première fois depuis que je suis pasteur, je ne présiderai pas la Sainte Cène pour le Jeudi saint.
Pourtant, je serai à l’église, j’ouvrirai les portes et à 19 h 30 je sonnerai les cloches.
Sur l’autel, je déposerai le calice et le ciboire, vides.
Absence réelle, qui me fera sentir, plus fort encore peut-être, l’invisible présence de ce Dieu qui se donne dans la fragilité, le dénuement et jusque dans le tragique de notre humanité.
Souvenons-nous, quelques heures après, ce soir-là, Jésus fut seul, et les disciples aux abonnés absents.
Depuis, ce sont nos solitudes qu’il veut habiter de sa présence.
C’est à cela que je vous invite à communier ce soir, dans le secret de notre prière.
Et puis je chanterai un psaume, et nous serons, en vérité, ensemble et véritablement, corps du Christ.
« Quand nous oppresse le trop grand silence,
Fais-nous entendre au fond du firmament
L’accord puissant du monde de louange
Où chantent, invisibles, tes enfants ! » Dietrich Bonhoeffer.