Un peu de lecture

 

Par la pasteure Claire des MESNARDS  (proposante à Nîmes)

« Comme elles sont chéries, tes demeures, Seigneur des Armées ! Je m’épuise à force de languir après les cours du temple du Seigneur, mon cœur et ma chair crient vers le Dieu vivant. » Ps.84, v.2-3

 

Comme no20200401_112841us les aimons, ces temples où nous avons coutume de nous retrouver ! Comme nous les chérissons ! Comme ils sont précieux à nos cœurs, ces édifices chargés d’histoire, bâtis par la force de nos mains ou celles de nos aïeux. « Ici, j’ai communié pour la première fois. » ; « Là, mes grands- parents ont reçu la bénédiction de leur mariage. » Nous les entourons de tant de soins ces temples, chaque jour que Dieu fait. Faut-il en réparer la porte? Nous sommes là! Restaurer les orgues? Nous répondons présents! Leur donner une cloche? Nous viendrons à leur appel!

Nous voici à présent privés de ce qui rythmait si agréablement nos semaines : nous retrouver ensemble dans la maison du Seigneur. Le psalmiste exprime avec poésie le désir de retrouver le lieu de sa relation à Dieu : « Même le passereau trouve un gîte, et l’hirondelle un nid où elle dépose ses petits : tes autels, Seigneur des Armées, mon roi et mon Dieu !  » (Ps. 84, v.4)

Bien avant que nos temples ne sortent de terre, le peuple d’Israël a connu une privation semblable à celle vécue par l’Église aujourd’hui, en des circonstances autrement dramatiques. Destruction ; exil ; toute une vie à reconstruire ailleurs : sans terre, sans temple, sans plus rien qu’une Parole murmurée aux cœurs et répétée aux oreilles.

En cette époque difficile seront composés beaucoup des livres qui font aujourd’hui partie de nos lectures bibliques. On relit le passé et on écrit ; on n’écrit pas pour ressasser ou pour transmettre aux générations futures un immuable héritage. On écrit pour vivre le présent.

Lorsque David régnait sur Israël, il n’y avait pas de temple ; c’est en effet un de ses fils, Salomon, qui le construira. Mais déjà les fils de Coré, consacrés au service de Dieu, rejoignirent le roi ; ils l’accompagnèrent, jusque dans sa fuite devant la trahison de cet autre fils, Absalom. Ce premier exil, temporaire, peut désormais devenir la figure d’autres formes d’exil : celui que nous-mêmes vivons maintenant, hors de ces lieux de rencontre qui nous sont chers ; celui que connurent les Juifs privés du temple où beaucoup servirent pourtant, tantôt comme musiciens, tantôt comme portiers, assurant tout ce qui est habituellement nécessaire au fonctionnement du culte.

Le temple sera finalement reconstruit, les Juifs reviendront de leur exil et, de toute la diaspora, beaucoup retourneront à Jérusalem pour les grandes fêtes religieuses, objets d’une grande attente comme le chante aussi ce psaume parfois intitulé «chant des pèlerins». C’est un joyeux retour à la normale que nous pouvons espérer pour nous-mêmes dans un avenir proche ; mais c’est aussi bien davantage la promesse d’un nouveau départ dans la foi. Car cette privation temporaire marqua un tournant décisif dans le judaïsme : désormais, la relation à Dieu va grandir indépendamment du lieu où l’on se trouve et indépendamment de la présence ou de l’absence d’un édifice cultuel, quel qu’il soit. C’est le temps où le Dieu vivant vient rencontrer les cœurs et les chairs qui crient vers lui.

Ainsi, vous êtes le temple de Dieu (1 Co 3, 16-17). Et ce temple est saint, c’est-à-dire mis à part : tirés du milieu des turpitudes ; mis au large, par le Seigneur qui nous sanctifie et nous fait atteindre la terre ferme. Il nous reste à habiter cette réalité surprenante. Car comme le note le psalmiste : « Heureux ceux qui habitent ta maison ! Ils te loueront encore. » (Ps. 84, v.5)Resized_20200112_132229